Les orthèses craniennes ou casques

LA DÉFINITION

Une orthèse cranienne est un casque généralement fabriqué en thermoplastique moulé sur mesure afin de corriger une déformation du crâne.  Elle est utilisée chez le bébé, habituellement avant l’âge de 12 mois.

POURQUOI PRESCRIRE UNE ORTHÈSE CRANIENNE

Quand la déformation du crâne est modérée à sévère, pour des raisons d’apparence physique (cosmétique), il est pertinent de prescrire une orthèse cranienne.

Avec l’arrivée des casques qu’on doit maintenant porter pour notre sécurité, comme pour la moto, le vélo et le ski, la plagiocéphalie n’est plus toujours qu’une question d’apparence.

Le malalignement des oreilles est aussi important à considérer pour le port futur de lunettes, que ce soient des lunettes de vision ou de soleil.  Dans une plagiocéphalie positionnelle, il n’est pas inhabituel de retrouver une oreille plus avancée que l’autre, et même parfois plus haute que l’autre.  À noter cependant que le casque doit être porté avant l’âge de 4 à 5 mois pour corriger l’alignement des oreilles.

DURÉE DU PORT DE L’ORTHÈSE CRANIENNE

Pour des résultats optimaux, l’orthèse doit être portée pendant 2 à 3 mois, 23 heures par jour.  Moins il est porté longtemps durant la journée, plus la durée de traitement pourrait être longue, pour obtenir les mêmes résultats.  Plus l’enfant est jeune, moins le port est long pour de mêmes résultats.

QUAND PRESCRIRE L’ORTHÈSE CRANIENNE

On se pose souvent la question à savoir si la déformation du crâne va se corriger d’elle-même, sans casque.  De plus, le moment du début du port du casque influencera la durée du port de celui-ci.  Les résultats pourraient alors aussi varier selon le type de déformation du crâne et des oreilles.  Les discussions avec la famille deviennent alors très importantes.

Le casque doit idéalement être mis avant 12 mois car la vélocité de croissance du crâne ralentit après cet âge et l’efficacité du casque est beaucoup moindre. Plus on se rapproche de 12 mois plus le casque doit être porté longtemps.

D’ailleurs le casque n’est plus remboursé par la RAMQ (dans la province de Québec) après l’âge de 12 mois.

QUEL EST LE TRAITEMENT À FAIRE AVANT DE PRESCRIRE L’ORTHÈSE CRANIENNE

Avant de prescrire le casque, il vaut mieux débuter avec des mesures conservatrices qui devraient être mises en place dès l’apparition de la plagiocéphalie.  Idéalement, rapidement après la naissance, en prévention avant même la survenue d’une plagiocéphalie, on peut les mettre en place. Voir blog (à venir) sur la Plagiocéphalie.

Quand ces approches ne fonctionnent pas (assez) et malgré la physiothérapie, le casque devient un choix plus évident.

EFFETS SECONDAIRES POSSIBLE

Les effets secondaires rapportés sont rares. Et s’ils surviennent, ils sont bénins et ne sont donc pas une raison pour ne pas prescrire d’orthèse cranienne.  Mais le casque doit être bien fait et le procédé de fabrication fait une différence.

Les effets secondaires rapportés dans une revue systématique(1) incluent :

  • des problèmes à accepter le casque (24 %)
  • de l’irritation cutanée (96 %)
  • de l’augmentation de la sudation (71 %)
  • une odeur désagréable dans le casque (76 %)
  • une douleur associée au casque (33 %)
  • une impression parentale de ne pas pouvoir faire des câlins à leur enfant (77 %)

Voir le blog Les études sur les orthèses craniennes.

Cette même étude rapportait des difficultés avec l’ajustement du casque ; le casque tournait sur la tête ou se déplaçait plusieurs fois par semaine à plusieurs fois par jour.(1)  Il parait évident qu’un casque mal ajusté au crâne et qui tourne sur la tête n’aura pas probablement pas la même efficacité qu’un casque qui n’a pas ce problème.  La prise de mesure, le procédé de fabrication et l’expertise d’un orthésiste d’expérience peuvent faire la différence (voir le blog (à venir) sur Le procédé de fabrication des orthèses craniennets et les conseils parentaux).

QUI PEUT PRESCRIRE LE CASQUE

Dans la province de Québec, un agent prescripteur autorisé par la RAMQ peut prescrire des orthèses. Les physiatres, les neurologues, les orthopédistes et les neurochirurgiens sont d’emblée des agents prescripteurs. Une demande peut être faite auprès de la RAMQ quand ces spécialités ne sont pas présentes dans une région donnée et qu’un médecin voudrait prendre en charge l’évaluation et le traitement des plagiocéphalies, afin qu’il puisse devenir un agent prescripteur.  

Selon la région du Québec, parfois le médecin responsable de l’évaluation peut être un médecin de famille, un pédiatre, un physiatre ou un neurochirurgien.  Le médecin référant a intérêt à connaitre les services de sa région pour savoir où bien référer.  Idéalement, le médecin qui évalue la plagiocéphalie doit être habileté à bien évaluer le torticolis, s’il y a lieu, éliminer les causes autres d’une plagiocéphalie non-positionnelles et être en mesure de faire une évaluation neurodéveloppementale complète.

ATTENTION – À NE PAS MANQUER

Surtout il ne faut pas manquer les craniosynostoses, les malformations cervicodorsales, les syndromes génétiques, les atteintes neuro-developpementales et les causes oculaires du torticolis.   Une référence médicale est alors indiquée. 

MON OPINION

Le casque fonctionne bien et donne d’excellents résultats.

Je prescris le casque pour des plagiocéphalies modérées à sévères chez les enfants de 11 mois et moins chez qui une craniosynostose a été éliminée et chez qui, de par l’âge, j’estime que la plagiocéphalie ne s’améliorera pas suffisamment avant 12 mois et chez qui les mesures autres n’ont donné que des résultats partiels.  J’encourage les exercices cervicaux enseignés par la physiothérapie, s’il y a torticolis.

Il est rare que les familles insistent pour obtenir un casque quand la plagiocéphalie est légère et si l’enfant a moins de 7 à 8 mois.  On a alors une discussion éclairée : la plupart des plagiocéphalies légères s’améliorent naturellement suffisamment sans nécessiter l’utilisation d’une orthèse cranienne.  Je suis d’avis que la discussion avec les parents à la lumière de l’histoire, incluant le développement, et l’examen physique neuromusculosquelettique guide bien la décision clinique qui devient alors appropriée pour la situation précise de l’enfant.

RÉFÉRENCES

1.    van Wijk RM, van Vlimmeren LA, Groothuis-Oudshoorn CGM, Van der Ploeg CPB, IJzerman MJ, Boere-Boonekamp MM. Helmet therapy in infants with positional skull deformation: randomised controlled trial. 2014;348:g2741.